Thèse - Représentations des femmes et leurs évolutions au travers des personnages de Disney (entre 1937 et 2012)
Julie BONHOMMET, psychologue clinicienne, a soutenu le 21 septembre 2020 une thèse de doctorat d'université (Tours) en psychologie clinique sous la direction de Robert Courtois et de Monica Zapata. Sa thèse s'intitule : « Représentation des femmes à travers les princesses Disney et leur évolution : entre stéréotypes et enjeux psychiques d'un devenir adulte ». Son travail s'est articulé autour de trois parties.
La première étude s'est intéressée aux caractéristiques des princes et princesses et aux étapes clés du récit dans un conte à travers une enquête auprès de 487 personnes âgées de 5 à 73 ans.
La seconde qui est l'étude principale, s'est centrée sur l'analyse des représentations des femmes et leur évolution à travers le corpus de la franchise « Princesses Disney » entre 1937 et 2012 qui compte 11 films d'animation : Blanche-Neige, Cendrillon, Aurore, Ariel, Belle, Jasmine, Mulan, Pocahontas, Tiana, Raiponce et Mérida. Il s'agissait de visionner et de coder les films d'animation pour analyser les discours, comportements, communications, émotions, aspects physiques et personnalités des princesses, ainsi que leur temps de présence et de parole. Des grilles ont été établies afin d'analyser les étapes du film, le statut d'héroïne et adulte ainsi que la relation aux personnages masculins. Trois catégories ont été établies : les princesses « traditionnelles », « modernes » et « post-modernes ».
La troisième étude a analysé l'impact de ces princesses auprès d'un public féminin. Elle consistait en entretiens semi-directifs de petites filles, jeunes filles et femmes quant à leurs représentations liées aux princesses et le sens qu'elles y donnaient dans leur vie.
Les résultats de l'étude 1 mettent en évidence un effet de genre significatif dans les choix des étapes du conte et des caractéristiques des protagonistes : princesses et princes.
Les résultats de l'étude 2 montrent qu'il existe une princesse-type (beauté caucasienne, réflexion, communication, peu d'action), que les films mettent en scène une initiation des adolescentes qui est orientée vers l'accès à la conjugalité. Les figures parentales, le prince et les alliés animaux masculins sont très présents. Il existe une différence significative entre les trois catégories de princesse pour les caractéristiques analysées et leur évolution : tendance à une disparition des comportements exclusivement passifs, affectifs, émotionnels et tournés vers le physique et inversement, apparition des comportements actifs et de revendication d'indépendance.
Les résultats de l'étude 3 (enquête semi-directive) mettent en évidence une identification genrée prononcée. La réception des films d'animation des princesses Disney et le processus d'identification suivent aussi une logique développementale (accès au sens et à l'analyse selon l'âge).
Discussion :
Ces trois études mettent en évidence des rôles de genre et des stéréotypes, même si la question de la féminité et de la masculinité sont évoquées parfois de manière plus nuancée. La représentation de la princesse-type reste stéréotypée et conforme au rôle traditionnel des femmes dans la société malgré une évolution évidente chez les princesses post-modernes. Elles suivent un schéma initiatique spécifique à leur statut de femmes en devenir essentiellement en lien avec des enjeux parentaux et conjugaux (quitter les parents, devenir des épouses). Les entretiens semi-directifs soulignent un double mouvement : les princesses comme idéal féminin et conjugal à atteindre, et l'indépendance féminine (où le prince et les hommes ne sont pas indispensables) qui est une revendication plus présente en fonction de l'âge des répondantes.
En conclusion, les princesses Disney témoignent de l'évolution et des résistances de notre société en matière de représentation des femmes et de stéréotypes de genre.